Le programme Sylvae
« Laisser à la forêt le temps nécessaire à son évolution naturelle, voilà l’ambition des Conservatoires de Bourgogne-Franche-Comté avec le programme Sylvae ! »
Les Conservatoires d’espaces naturels de Bourgogne-Franche-Comté ont rejoint le programme Sylvae, initié en 2018 par le Conservatoire d’Auvergne. Ce programme regroupe les actions visant l’acquisition foncière de parcelles de forêts anciennes et matures, ou de forêts à haute valeur écologique, qui seront laissées en libre évolution dans un objectif de préservation sur le long terme.
Mousses et lichens sur un tronc d’arbre.
O. Girard – CEN Bourgogne
La libre évolution,
qu’est-ce que c’est ?
En pratique, la libre évolution signifie que ces parcelles, une fois acquises, ne feront l’objet d’aucune coupe ni autre intervention sur la végétation. Laisser la forêt en libre évolution, c’est laisser le milieu se développer selon ses lois propres, sans y toucher ; c’est laisser à la forêt le temps nécessaire à son évolution naturelle.
Ces forêts anciennes et matures accueillent une très grande variété d’espèces, dont certaines sont liées au stade âgé de l’écosystème forestier.
Comment reconnaitre
une vieille forêt ?
Une vieille forêt se définit comme étant une forêt ancienne et mature.
Une forêt est ancienne lorsqu’elle existe depuis au moins 200 ans donc a minima depuis le début du XIXème siècle.
Une forêt, dite mature, se distinguent par la présence de gros bois, de vieux arbres et d’une quantité importante de bois mort au sol et sur pied.
Que signifie une forêt
à haute valeur écologique ?
Le programme Sylvae intègre également les forêts à haute valeur écologique, autrement dit présentant des niveaux de responsabilités élevés pour la conservation du patrimoine naturel en Bourgogne-Franche-Comté. C’est le cas par exemple des forêts alluviales situées au bord des cours d’eau ou encore des parcelles abritant des habitats naturels et des espèces vulnérables.
Les polypores sont des champignons qui se développent sur les troncs.
O. Girard – CEN Bourgogne
Les larves du Lamie tisserand se développent dans le bois mort.
G. Doucet – CEN Bourgogne
La Scolopendre, ou langue de cerf, est une fougère abondante dans les forêts de ravin.
O. Girard – CEN Bourgogne
Trois bonnes raisons de soutenir le programme Sylvae
Lucane cerf volant
R. Desbrosses
Le sol des vieilles forêts est riche en matière organique.
O. Girard – CEN Bourgogne
La forêt de Montmain vue du ciel
O. Girard – CEN Bourgogne
1/ Préserver une biodiversité forestière à forte responsabilité
Les vieilles forêts se caractérisent par une accumulation de gros arbres sur pied et de bois mort résultant de la dynamique naturelle des écosystèmes. Ce bois mort accueille une faune particulière et notamment les insectes saproxyliques qui, en se nourrissant de ce bois mort, participent au recyclage de la matière organique. En forêt, une espèce sur quatre est liée ou dépend du bois mort ! Les vieux arbres constituent également des sites de reproduction et des abris pour de nombreuses espèces comme les pics, les chauves-souris…
2/ Atténuer les effets du changement climatique
Les forêts contribuent à l’atténuation du changement climatique, notamment par le stockage du carbone (environ 12 % des émissions de gaz à effet de serre annuelles). Le carbone en forêt se répartit entre trois stocks : le peuplement vivant, le bois mort et le sol. Plus de 50 % du carbone est stocké dans le sol. Or les forêts anciennes possèdent un sol très épais et significativement plus riche en matière organique que les anciens sols cultivés pendant des siècles puis récemment reboisés. Les vieilles forêts contribuent ainsi grandement au stockage du carbone.
3/ Sauvegarder un patrimoine culturel et historique
Les vieilles forêts font partie de notre héritage culturel et social. Certaines des forêts qui étaient déjà présentes au début du XIXe siècle peuvent être beaucoup plus anciennes : médiévales, antiques… De nombreux contes et légendes ont par ailleurs pris naissance dans ces forêts. Elles constituent ainsi un pan de notre histoire et de notre culture.
Les vieilles forêts sont menacées
Si l’exploitation économique des forêts a toute sa vocation pour la création de matériaux durables et d’énergie, elle empêche le plus souvent le vieillissement naturel des arbres. En effet, elle raccourcit leur cycle biologique qui s’étend normalement sur des centaines d’années. Il est donc important de conserver une partie des forêts en libre évolution, laquelle permet une accumulation de gros arbres sur pied et de bois morts.
Les vieilles forêts ont été relativement à l’abri des activités humaines et notamment de l’exploitation forestière. Mais aujourd’hui, des menaces pèsent de plus en plus sur ces vieilles forêts. Il est donc urgent de les préserver !
Vue aérienne de la forêt de Montmain
O. Girard – CEN Bourgogne
« Aux arbres citoyens » : un appel aux dons qui fait écho aux vieilles forêts !
Le 8 novembre 2022, France Télévisions organisait une grande émission « Aux arbres citoyens » sur France 2, en partenariat avec France Inter et France Nature Environnement pour sensibiliser et inciter à l’appel aux dons en faveur de projets de régénération et de préservation de nos forêts et de leur biodiversité.
À l’issue de cette opération, les citoyens et citoyennes se sont mobilisés plus que jamais, permettant de collecter près de 2 millions d’euros !
Sur les 39 projets sélectionnés, se trouvait celui des Conservatoires de Bourgogne-Franche-Comté qui a bénéficié d’un financement à hauteur d’environ 100 000 €. Cette somme va permettre de contribuer aux investissements nécessaires au programme Sylvae, à savoir, l’achat de parcelles de vieilles forêts en Bourgogne-Franche-Comté. Ces parcelles acquises seront ensuite gérées selon le principe de la libre évolution.
Vers l’acquisition de vieilles forêts
Les Conservatoires d’espaces naturels de Bourgogne-Franche-Comté ont débuté l’acquisition de vieilles forêts, notamment grâce aux fonds récoltés par France Nature Environnement et France télévisions dans le cadre du projet « Aux Arbres Citoyens » et au Fonds Vert (fonds public qui soutient des projets de performance environnementale, d’adaptation au changement climatique et d’amélioration du cadre de vie dans les territoires).
Le Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté a acquis début octobre 2023 une parcelle de plus d’1 ha de forêt ancienne à Lamoura (39), au sein de la Combe du lac. N’ayant pas fait l’objet de coupes importantes depuis 1950, elle est constituée d’épicéas de gros diamètres et de hêtres. L’abondance de bois mort au sol, de trous de pics et autres cavités, ou encore la présence d’affleurements rocheux et de murets de pierres sèches contribuent à son intérêt.
Le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne a acquis, en 2024, 8 ha de forêt ancienne sur la commune de Tintry (71), au sein du vallon du Canada. Il s’agit d’une forêt ancienne (chênaie-hêtraie acidiphile subatlantique) avec une structure de futaie de chênes (dominants) et de hêtres au sein du site Natura 2000 « Forêt de ravin et landes du vallon de Canada, barrage du Pont du Roi ». Au vu de l’historique de gestion connue sur ces parcelles, des analyses de photos aériennes anciennes et de l’absence de souches visibles, ce boisement n’a vraisemblablement pas été exploité depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Quelques chiffres clés sur les milieux forestiers en Bourgogne-Franche-Comté
11% de la forêt française se situe en Bourgogne-Franche-Comté, ce qui en fait l’une des 5 plus grandes régions forestières de France.
5% seulement de la surface forestière en Bourgogne-Franche-Comté comporte de la forêts anciennes et matures (IGN, 2017).
20% des surfaces forestières en Bourgogne-Franche-Comté sont incluses dans le réseau Natura 2000 au travers de 153 sites.
4 parcs naturels régionaux (PNR) (Morvan, Ballon des Vosges, Haut-Jura et Doubs Horloger) qui couvrent 12% de la superficie régionale.
141 sites protégés et gérés par les conservatoires de Bourgogne-Franche-Comté renferment des milieux forestiers pour une surface totale de 2800 ha.
Le programme Sylvae, à grande échelle !
Né en Auvergne, le programme Sylvae est devenu un projet national du réseau des Conservatoires d’espaces naturels. Il a ainsi intégré les actions déjà engagées par d’autres conservatoires, tels le CEN Occitanie, le CEN Rhône-Alpes, le CEN Centre-Val de Loire et récemment les CEN de Bourgogne-Franche-Comté, en faveur de la biodiversité forestière.