Des trésors à protéger
Les pelouses calcaires
Situées sur des coteaux largement ensoleillés, les pelouses calcaires sont des milieux naturels patrimoniaux emblématiques de la Bourgogne. Elles ont aussi une place privilégiée dans la mémoire collective des habitants.
Des réservoirs de biodiversité
Un sol calcaire et une bonne exposition au sud sont nécessaires au développement des pelouses calcaires dominées par des graminées. Parsemées de buissons de genévriers, d’épines noires et de buis, ces pelouses abritent une flore et une faune à affinités méridionales.
Des milieux naturels à l’abandon
Ces pelouses sont largement présentes sur les côtes dijonnaise, chalonnaise et mâconnaise. On les trouve aussi sur les vallées de l’Yonne et de la Cure. Au 19e et début du 20e siècle, elles étaient vouées au pâturage du bétail, à la chasse et à la cueillette des champignons et des petits fruits. Au cours du 20e siècle, avec le recul de ces pratiques, les pelouses calcaires ont été progressivement délaissées. Leur surface se réduit peu à peu à l’échelle régionale.
Des tondeuses écologiques à leur secours
L’abandon du pâturage des pelouses calcaires entraîne une recolonisation naturelle et progressive par les buissons, puis par la forêt. Pour conserver ces milieux, le Conservatoire travaille à la remise en place de ce mode de gestion traditionnel :
• de nombreux partenariats avec des exploitants agricoles locaux ont été ou sont encore aujourd’hui créés pour assurer le pâturage de certains sites. C’est le cas des pelouses de la côte dijonnaise sur lesquelles un berger partenaire mène tous les ans depuis 1994 un troupeau itinérant de 500 moutons,
• en 2015, le Conservatoire a acquis son propre troupeau de vaches, d’ânes et de chevaux rustiques. Ce troupeau permet d’entretenir plusieurs sites de pelouses calcaires sur lesquels il n’a pas réussi à trouver d’exploitants partenaires.
Les prairies inondables
Les prairies inondables, qui s’étendent dans les vallées de nos grands cours d’eau bourguignons, symbolisent la richesse et la fragilité de milieux qui ont de tout temps fasciné les Hommes.
Des milieux utiles bien représentés en Bourgogne
Parties intégrantes des cours d’eau qu’elles bordent, ces prairies vivent au rythme des crues hivernales et printanières dont elles contribuent à diminuer l’ampleur. À la fois éponges et réservoirs, elles retiennent et filtrent les inondations, préservant ainsi la qualité des captages d’eau potable. En Bourgogne, les principales prairies inondables se trouvent dans les vallées de la Saône, du Doubs, de l’Yonne et de la Loire.
Des atouts pour l’agriculture
Des générations d’agriculteurs ont su profiter de la fertilité naturelle de ces milieux, due aux limons déposés par les inondations régulières. Plus encore que les pâtures, les prairies de fauche ont conservé leur attrait pour de nombreuses espèces animales et végétales adaptées à ces conditions écologiques particulières.
Des milieux à préserver
Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses cultures (maïs, peupliers) se sont développées au détriment des prairies initiales et des espèces présentes. Le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne a commencé par se porter acquéreur d’un ensemble de prairies inondables à Ouroux-sur-Saône, en Saône-et-Loire, géré en partenariat avec des agriculteurs. Depuis, l’association a développé son parc de sites en prairies inondables.
Les tourbières et marais
Parmi la diversité de milieux humides rencontrés en Bourgogne, se distinguent deux types très originaux : les tourbières, situées dans les régions siliceuses comme le Morvan, et les marais tufeux, présents dans les régions calcaires du Châtillonnais.
Les tourbières
Ces milieux naturels se forment dans des dépressions situées sur des sols acides où l’eau est très présente. Les tourbières sont les royaumes des mousses et des sphaignes, qui parviennent à se développer dans ces conditions extrêmes.
L’omniprésence de l’eau et l’acidité des sols ralentissent fortement la décomposition des végétaux. Au fil des années, ils s’accumulent pour former la tourbe. Comme la plupart des milieux humides, les tourbières jouent un rôle écologique essentiel puisqu’elles régulent et épurent les eaux qui les traversent.
Les marais tufeux
Au nord de la Côte-d’Or, le Châtillonnais est un vaste plateau calcaire composé d’une alternance de couches de marnes imperméables et de calcaires très solubles. En s’infiltrant dans le sol, les eaux de pluie se chargent en calcaire avant d’être stoppées par les argiles imperméables. À certains endroits, ces eaux réapparaissent à l’air libre et se rechargent en oxygène. Le calcaire dissous qu’elles contiennent va alors se déposer sous forme de tuf, une roche friable et poreuse. Ce phénomène donne naissance aux marais tufeux de pente, milieux naturels très rares dans la plaine française.
Des milieux naturels rares en Bourgogne à conserver
Pendant des années, les Hommes ont cherché à contrôler ces milieux en les asséchant pour l’agriculture ou la sylviculture. Face à ces destructions, Le Conservatoire participe à des programmes de protection . Aujourd’hui, l’association gère un réseau important de marais tufeux du Châtillonnais.
Les cours d’eau et leurs annexes
Un réseau dense de fleuves et de rivières irrigue La Bourgogne. Dans les vallées alluviales, les divagations répétées et les crues parfois spectaculaires des cours d’eau donnent naissance à une mosaïque de milieux naturels dits alluviaux : bras morts, forêts alluviales, grèves sableuses, etc.
Des milieux naturels riches soumis à de multiples menaces
De nombreuses espèces végétales et animales présentes dans ces milieux alluviaux sont classées « d’intérêt européen » car rares et vulnérables. Certaines d’entre elles sont menacées par les divers aménagements qui modifient le fonctionnement naturel des cours d’eau, par les pollutions agricoles, domestiques et industrielles, ou encore par les sécheresses qui tendent à devenir plus régulières et à s’amplifier du fait du réchauffement climatique.
Des espaces de liberté à retrouver
Sur des grands cours d’eau comme la Loire, le Conservatoire a acquis ou gère des milieux alluviaux qu’il restaure et entretient pour préserver ce patrimoine naturel spécifique. Il tente également de rétablir la dynamique naturelle des fleuves dont dépend ce patrimoine. Il agit notamment sur les périmètres de la Réserve Naturelle Nationale du Val de Loire et la Réserve Naturelle Régionale de la Loire bourguignonne dont il est gestionnaire.
Les mares
Occupant de petites dépressions au sein de prairies ou cachées au cœur des forêts, les mares se font généralement discrètes. Souvent moins connues que les marais, les lacs ou encore les tourbières, elles sont néanmoins des milieux originaux situés à la frontière des mondes aquatiques et terrestres. Elles recèlent alors de multiples richesses et jouent des rôles importants pour la biodiversité… dont l’Homme !
Des écosystèmes miniatures
Les mares sont des étendues d’eau de petite surface et de faible profondeur, alimentées par les eaux de pluie, de ruissellement ou par les nappes phréatiques. Elles peuvent être permanentes, c’est-à-dire tout le temps en eau, ou temporaires, si elles s’assèchent périodiquement. Le sol et la végétation des mares sont particuliers et témoignent de la présence d’eau au moins une partie de l’année. Malgré leur petite taille, les mares grouillent de vie !
Des milieux en voie de disparition
Les mares ont le plus souvent été creusées par l’Homme pour en faire des réserves d’eau afin d’abreuver le bétail, pour les besoins domestiques, pour le rouissage du lin et du chanvre, etc. Puis, avec l’arrivée de l’eau courante notamment, elles ont progressivement été jugées inutiles et se sont vues comblées, abandonnées, polluées… 50 à 70 % d’entre elles ont disparu en France depuis les années 1950.
Une mare, des mares
Une mare constitue déjà en elle-même un milieu précieux. Mais pour que les mares accueillent un maximum d’espèces végétales et animales, il est préférable qu’elles s’organisent «en réseau» ou «en semis» . Il faut également qu’elles soient diversifiées (mares d’âges différents, mares en milieu forestier ou en milieu prairial, gestion et usages variés, etc.). Plus le nombre de mares sur un secteur est important et plus elles sont de nature variée, plus la biodiversité augmentera. On peut parler de semis régional de mares, mais aussi de semis de mares à l’échelle communale ou à l’échelle d’une petite région agricole.
Les étangs
Les étangs sont des plans d’eau artificiels, peu profonds, dont le niveau d’eau peut être contrôlé. Leur apparence calme et sereine cache en réalité une vie très animée.
Des milieux créés par l’Homme
La plupart des étangs de Bourgogne ont été créés par l’Homme, et notamment par les moines cisterciens, entre le 12e et le 18e siècles, principalement en Bresse et en Puisaye. Ils avaient pour fonction l’alimentation des canaux, la pisciculture, voire la culture après vidange.
Des mondes végétalisés
De la terre ferme jusqu’à l’eau libre, s’observent différentes ceintures de végétation, chacune étant dominée par un certain type de plantes. Ce sont d’abord les arbres (saules et aulnes), puis les hautes herbes (laîches, roseaux ou scirpes) et enfin les plantes à fleurs (potamots, nénuphars).
Des paradis faunistiques
La présence d’eau et l’ensoleillement conduisent à une très forte production d’algues et d’herbiers. Ce phénomène, allié à la succession des différents milieux, permet la coexistence de nombreux animaux : oiseaux, batraciens, poissons, insectes.
Des étangs sans eau ?
La vidange et la mise en assec des étangs sont des modes de gestion traditionnels de ces plans d’eau, utiles à leur équilibre écologique et bénéfiques pour la biodiversité. C’est ainsi que procède le Conservatoire pour maintenir les étangs dont il s’occupe et favoriser l’accueil des espèces liées à ces milieux.
Les forêts
Depuis toujours, l’Homme entretient d’étroites relations avec ce milieu naturel. Ainsi, la forêt est devenue, au fil du temps, le reflet de nos sociétés et de nos besoins.
Des milieux naturels en évolution permanente
La sylve originelle se caractérisait par ses clairières et ses vieux arbres, essentiellement des feuillus : chênes, hêtres, charmes, etc. Depuis, l’Homme a sans cesse modifié sa structure et sa composition. Au 19e siècle, il a introduit des essences résineuses, jugées plus rentables, comme l’épicéa. Au début de l’ère industrielle, la forêt était également utilisée pour le pacage du bétail et pour la production de charbon de bois. Aujourd’hui, en marge de la production traditionnelle de bois, se développent des activités de loisirs.
Des forêts nombreuses et variées
Le climat, le sol, la disponibilité en eau, le relief, l’exposition, déterminent la composition naturelle des forêts. En Bourgogne, elles offrent aux promeneurs et aux forestiers de nombreux visages : chênaie-hêtraie dans le Morvan, chênaie-charmaie dans le Châtillonnais, frênaie-ormaie en bord de Saône, etc.
Une originalité bourguignonne
À côté d’un fond d’espèces communes à tous les types de boisements (sanglier, cerf, chevreuil), se rencontrent en Bourgogne des espèces rares, remarquables et typiques de la région, comme le Chat forestier ou la Chouette de Tengmalm.
La flore aussi a ses joyaux, tel le Sabot de Vénus. Cette orchidée très rare fait l’objet de mesures de protection engagées par le Conservatoire et l’Office national des forêts.
Les bocages
Constitués d’éléments naturels modelés par l’Homme, les bocages bourguignons sont des symboles de l’espace rural de notre région, hérités du passé.
Une évolution au fil de l’histoire
Les bocages nous viennent tout droit du Moyen Âge. Nos ancêtres paysans les ont créés pour le parcage du bétail, la production de bois de chauffage, d’outils, etc. Au 18e siècle, les bocages ont commencé à remplir de nouvelles fonctions comme la matérialisation de la propriété privée et la fourniture d’un abri pour le bétail. Les nouvelles politiques agricoles et forestières des années 1950 et le remembrement ont bouleversé les pratiques d’entretien et ont provoqué parfois la régression de ce paysage et de sa richesse naturelle.
Un patrimoine historique et naturel à conserver
L’apparition récente de nouveaux enjeux (lutte contre l’érosion, environnement, tourisme), le retour des fonctions traditionnelles et l’utilisation de nouveaux outils de taille, peuvent assurer l’avenir des bouchures et la qualité de ce paysage. Des actions expérimentales pour replanter, conserver et traiter les haies, ont été menées dans le Charolais, en Saône-et-Loire, par le Conservatoire et des agriculteurs locaux.
Des bocages multiples
Les essences constitutives des haies sont choisies par l’agriculteur en tenant compte des conditions écologiques locales. Il existe différents types de bocage, comme le Charolais et l’Autunois, qui se distinguent par leurs bouchures de chênes, de frênes et de saules, plessées selon une technique de tressage très proche de la vannerie. La morphologie de la haie (buissonnante ou arborescente) et le type d’entretien conditionnent les plantes, insectes, oiseaux et mammifères que l’on y trouve.